« Zen et Arts Martiaux » de Taisen Deshimaru

« N’existe-t-il donc pas une voie qui permette à l’homme de franchir les limites de son humanité ? De passer au-delà ? »

Taisen Deshimaru

Maître Taisen Deshimaru est l’un des principaux introducteurs du Zen en Occident, et en particulier en Europe, où il a fondé de nombreux dojo et permis la diffusion de la pratique du Zen au plus grand nombre . Décédé en 1982, il a laissé derrière lui un enseignement riche et de nombreux ouvrages, dont ce petit livre. Ce dernier réunit ainsi les enseignements dispensés par le maître Zen lors d’une session d’initiation à la pratique du Zen et des arts martiaux qui eut lieu en Suisse en 1977, mais dont le texte est toujours autant d’actualité.

Quelles sont donc les similitudes entre les arts martiaux et le Zen ? Comment les enseignements du Zen se retrouvent-ils au sein des Budo ? Quel est le but ?  

Pour le maître, la pratique des arts martiaux et du Zen est avant tout un chemin de vie, une voie, que l’on emprunte jusqu’à notre dernier souffle. L’auteur s’appuie notamment sur la pratique du kyudo et du kendo, ainsi qu’en moindre mesure celle du judo et l’aïkido, mais les interrogations s’adressent aux pratiquants de tout Budo :  comment devenir à la fois fort et sage ?

La méthode d’apprentissage de cette sagesse est similaire dans le Budo et le Zen, et se décompose en trois étapes :

•  L‘apprentissage de la technique, la période d’entraînement par la volonté et l’effort conscient (qui prend généralement plusieurs années).
• Puis la concentration sans appel à la conscience, naturellement et de façon apaisée, en mettant en pratique les enseignements que l’on a reçus. On peut alors devenir assistant du maître et, à terme, maître.
• Enfin, la liberté totale de l’esprit… et « à esprit libre, univers libre » !

Maître Taisen Deshimaru rappelle ainsi  que le secret du Zen et des arts martiaux, c’est le développement de l’intuition, de l’esprit, après avoir développé le corps et la technique. Car si l’esprit (shin), la technique (wasa) et le corps (ici en tant que ki)  doivent être en parfaite harmonie, c’est bien l’esprit (en tant qu’intuition) qui prime, qui trouve la faille et qui décide en dernier ressort.
Ce travail sur le mental et l’intuition permet d’apprendre à diriger l’esprit afin d’être parfaitement dans l’instant présent, sans pensées, et de pouvoir saisir toutes les opportunités.

« L’intuition et l’action doivent jaillir en même temps. Il ne peut y avoir de pensée dans la pratique du Budo. Il n’y a pas une seule seconde pour penser. »

Le texte est également émaillé d’entretiens entre le maître et quelques disciples, ce qui permet parfois de préciser l’enseignement, avec des questions très concrètes dans lesquels le lecteur se reconnaîtra peut-être : « Que faire pour garder la concentration juste ? La tension fatigue, et on ne peut pas rester sans bouger ! », «Qu’est ce que la peur ? », « Qu’elle est la meilleure façon d’apprendre à respirer convenablement ? »,

Et maître Taisen Deshimaru de répondre de façon concrète, qu’il s’agisse de la posture idéale à adopter en zazen, du travail du kiaï, ou encore sur la respiration en Budo. Ainsi, cette dernière étant en lien direct avec notre tension et notre énergie, l’action doit se réaliser au moment de l’expiration car c’est à cet instant que l’énergie est la plus forte. A contrario, la frappe doit saisir l’adversaire lors de son inspiration car c’est alors qu’il présente une faille, un vide.

Enfin, l’auteur rappelle la nécessité de se donner pleinement dans chaque action, comme si c’était la première et la dernière, avec concentration et une décharge totale d’énergie : face à la mort comme face à la vie, la conscience doit être calme.

Un enseignement riche, profond et applicable à chaque moment de notre vie, qu’il s’agisse de la pratique zazen, des arts martiaux, ou de notre vie quotidienne.

« Zen et Arts Martiaux »
De Taisen Deshimaru
Paru chez Albin Michel